(Zephyr) Who are you to change this world? Silly Boy!

There's a memory of how we used to be That I can see through the flames I am hypnotized as I fantasize Forgetting lies and pain But I can't go back The ashes call my name

Ploc, ploc, ploc. Recroquevillé dans cette sombre pièce aux relents d’égouts, ton corps fragile tremble alors que la crasse s’entasse sur ta peau découverte. Simple caleçon qui recouvre ton corps, tu n’as pas vu la lumière du soleil depuis plusieurs jours, jours qui te sembles durer une éternité. Comment en étais-tu arrivé là ? Pourquoi ? Questions qui se bouscules dans tes pensées enfantines, alors que ton regard glisse sur le sol, que ta gorge se serre. Tu as soif, tu as faim et tes blessures nombreuses ne cessent de te faire souffrir. Ploc, ploc, ploc. Le temps passe et tu n’as pas bougé. Enfant né avec un nom de famille détesté, père richissime, ils t’avaient ciblé pour ton argent, leur argent. Tes parents…Qu’attendaient-ils pour te délivrer de cette torture. Tu n’avais rien demandé à personne, tu vivais ta vie comme l’enfant que tu étais. Né dans une famille aisée, une mère secrétaire, un père directeur d'une entreprise de diamants, les cailloux aurait dû être science infuse chez toi. Petite cuillère en argent dans la bouche, tu n’aurais jamais pu imaginer te retrouver dans pareille situation. Enfant banale au regard sombre, aux cheveux trop en bataille, tu avais tes amis, ta famille, ton existence. Belle maison, un chien que tu aimais, des études qui parfois te soulais. Ploc, ploc, ploc. Tu ouvres doucement les yeux, t’étant assoupi une fois de plus sur ce froid. A tes côtés, une assiette pas très fournie. Un bout de pain, de l’eau, rien de plus. Tu le sais, il reviendra et fera de toi son jouet, une fois de plus. Il s’est lassé d’attendre, alors, il se venge sur toi te manipulant à sa guise. Au début tu avais hurlé, gémis sous les coups, les sévices, les brûlures. Puis, doucement, tu avais cessé de parler, te contentant de gémir faiblement. Ta voix c’était brisée, ton âme t’avait lâchée et ton courage n’existait plus. Le temps s’évapore dans les airs, tu n’en as plus la notion, ayant cessé de tenter de te repérer aux ombres mouvantes. Un mois…Un mois que tu trônais dans ce sous-sol puant, abandonné, tu avais perdu tout espoirs. Bang, bang, bang. Bruit de ta délivrance, porte qui s’ouvre brusquement, cris qui résonnent et des mains qui t’agrippes pour te soulever. « On l’a trouvé ! » Voix rogue que tu ne connais pas, alors qu’enfin, le soleil vient t’aveugler et que l’air frais caresse ton visage. Demain, dans les gros titres on pourra y lire « L’enfant Zephyr enfin retrouvé ». Un dernier regard vers ce bâtiment abandonné qui, à jamais, y gardera prisonnier ton âme enfantine…tu avais alors treize ans, tu n’avais pourtant plus rien d’innocent.

Hurlements qui résonnent alors que les cauchemars, une fois de plus sembles s’être emparés de toi. Palpitant qui bat bien trop rapidement, corps qui se redresse, qui tremble, qui crie. Tes parents entrent dans la pièce en courant alors que, depuis des mois, la même scène se répétait encore et encore. Tu te refuses à leur adresser la parole. A tes yeux, c’était de leur faute si tu ne cessais d’avoir peur, si tu craignais l’obscurité. Ton père avance sa main, tu te recule. Mouvement de protection, mouvement instinctif alors que la peine se lit sur son visage. Tu seras leur plus grande souffrance. Ici, ils ne pouvaient plus exister, pas de telles circonstances. « Orion, on va déménager, je te le promets. » Tu ne l’écoutes pas. Ton regard fixe un point invisible, cherchant un repère, un refuge dans lequel te plonger, te noyer. Tu les entends te parler, tu te déconnectes, apprenant à changer ta peur en haine à leur égard. Vous qui étiez autrefois si proches, vous qui formiez une famille si parfaite. Chaque jour, ton corps te rappelait à quel point ils avaient tardé à te retrouver. « Tu veux qu’on.. » « Non. » Non, tu ne veux pas qu’ils restent, ils le savent, tu réponds toujours la même chose, le même mot et ce, avec autant de colère et de froideur à chaque fois. Si tes journées semblent plus normales, tes nuits, elles, sont malmenées par ton passé. Tu tentes de continuer à exister, ton psychologue t’aidant dans cette passe difficile. Enfant qui cesse de grandir, ne possédant plus rien de propre, se détestant, détestant son univers. Tu te sens sale, tu te sens trahi. La porte se referme alors que les sanglots de ta mère te parviennent de l’autre côté de la porte. Poings qui se serrent, tu te lèves doucement te dirigeant vers l’évier de ta salle de bain. Main sur le robinet, tu tournes doucement celui-ci. Ploc, ploc, ploc… bruit éternellement rassurant, éternellement douloureux. Cartons entassés qui laisses prévoir un déménagement imminent vers un autre pays, une autre vie…


Tu marches, tu fais les cents pas. Elle est là, de l’autre côté de la porte, donnant naissance à votre fils. Tu as vingt-sept ans, ta vie n’est plus comme autrefois. Toujours brisé par ton passé, tu as décidé de vivre ta vie d’une certaine façon. Pour la première fois, tu avais tenu tête à tes parents, devenant Policier, voulant faire en sorte que plus jamais personne n’arrive en retard…trop tard…Accouchement difficile, les sages-femmes t’avaient semé de quitter la chambre alors qu’une complication pointait le bout de son nez. Tic-Tac, Tic-Tac… L’horloge ne cesse de faire un bruit stressant. Ta main glisse dans tes cheveux et tu t’arrêtes, tu attends, tu recommences à marcher. Tu ne tiens pas en place, non, tu as peur. Putain oui, tu as peur. Enfin, les portes s’ouvrent et une couveuse quitte les lieux. Tu as à peine le temps de le voir, Matteo. « Comment…attendez…il se passe quoi ! » Tu gueule, tu coures, mais un médecin te bloque le passage, le regard grave, les yeux sombres. Tu sens ton cœur se serrer. « Katherine…comment va-t-elle ? » Il cherche ses mots, tu le vois. C’est comme quand toi tu le fais lorsque tu dois annoncer un décès quelconque… « Votre compagne à fait une hémorragie lors de l’accouchement, malheureusement, nous n’avons pu rien faire de plus…Je suis désolé. » Choqué, ta main se pose sur le mur et tu te sens faiblir. L’homme t’aide à t’asseoir, pourtant, tu fixes le sol. « Mon fils… » « Il est en soins intensifs. Il semble avoir une mal formation cardiaque, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour le sauver. » Tu secoues affirmativement la tête, ne sachant quoi dire, quoi faire. Il disparait et toi, tu restes là, le regard rivé sur le sol. L’âme en peine, le cœur brisé. Tu l’avais perdue…tu l’avais perdue. Tu n’étais pas amoureux de Katherine, tu ne l’avais jamais vraiment été, pourtant, elle avait été ta meilleure amie, ta complice, ta confidente. Car oui, ce fut un amour différent que vous aviez décidés de partager, décidant d’élever votre enfant ensemble. Plus jamais…plus jamais tu ne la verra sourire.


Tu hurles, tu cries, tu pleures. Son corps dans tes bras, tu te balances d’avant en arrière, serrant ce fils qui vient de pousser son dernier soupire après six heures de luttes pour survivre. Ça fait mal. En quelques heures, tu avais perdu Matteo et Katherine…tu avais perdu ton fils et ta meilleure amie. Non…non. « Je suis désolé…je suis tellement désolé…pardonnes-moi, pitié, pitié, pardonnes-moi. » Tu gémis en caressant du bout des doigts le visage fermé du nouveau né. « Je suis désolé. » Tu ne seras plus jamais le même.


Aujourd’hui, qui tu es ? Tu n’es qu’une ombre parmi tant d’ombre. Tu tentes de te convaincre tu es bien ainsi, t’enfonçant dans une existence qui t’étouffe, t’écrase. Mensonges, peines, souvenirs, cauchemars. Tu aimerais tout oublier, tout recommencer mais tu n’en as plus le courage. Non, tu as fini par baisser les bras, par baisser les yeux. Tu marches sans vraiment avancer…parce que ta vie est ainsi faite. Pour toi, la lumière au bout du tunnel elle n’existe pas.Il n’y a rien, que le vide.