(billy) life's hard

(un.) Tomber amoureux d'une mineure fut la pire et la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie. C'était la meilleure chose pour moi puisqu'elle avait su me calmer, me faire lâcher mes mauvaises habitudes, elle me donnait envie d'être présent, d'être bien pour quelqu'un. Elle faisait de moi un homme meilleur. Elle fut à la fois la pire chose qui me soit arrivée puisqu'elle m'a brisé, elle m'a brisé en mille miettes. Il n'a fallu qu'une soirée pour qu'elle me tourne le dos, qu'elle me jette comme une chaussette. Son frère m'a manqué de respect une fois de trop, impliquant pour la première fois ma soeur dans l'histoire. J'ai frappé le premier et je fus le seul arrêté. Je l'ai perdu ce soir-là. (deux.) Mon père était chef de la police à l'époque ou je vivais toujours à Ottawa. Après mon arrestation, il m'a sorti de cette situation plutôt inconfortable pour lui. Il m'a fait promettre de ne plus la revoir, de quitter la ville, de me refaire une vie. Il m'a dit de le faire pour moi, que c'était mieux de m'éloigner d'elle, que je n'avais pas à subir tout ça. Il m'a offert de quitter la base militaire et me permis de retourner sur le terrain. Je n'ai pas quitté la ville, non, j'ai quitté le pays. Un des grands choix de vie qui on fait de moi qui je suis aujourd'hui. Je suis resté en pays étrangers jusqu'à il y a un mois. (trois.) Ma soeur Carla est la seule dans tout mon entourage qui connaît l'état de mon coeur et ce qui se passe dans ma tête. Elle a beau être jeune, ma petite soeur est mon ange gardien, celle qui veille sur moi et celle qui m'empêche de faire toutes sortes de conneries qui pourraient me faire tuer. Carla est tout ce que j'ai et je la protégerai au péril de ma vie. Je me souviens il y a trois ans quand elle s'est pointée sur la base deux jours après que trois balles m'aient traversé. Une vraie mère Térésa. C'est bien à cause d'elle que je suis de retour en ville. (quatre.) Je suis quelqu'un de physique, physique dans tous les sens du terme. Je suis tactile, le touché m'est important. Avoir une bonne condition physique, c'est ce qui rythme mes journées. L'entraînement, c'est tous les jours, même si je ne tiens plus debout. Puis on va en parler, faut bien en parler, c'est physique ça aussi. Le sexe, c'est important, oui, mais pas avec n'importe qui ou n'importe où. Ma vie ne se résume pas à ça, mais c'est un plus, un plaisir que je prends dès qu'il vient. Je ne m'en passerais pas. (cinq.) Il y a un mois, mon père a rendu l'âme de façon naturelle. Je me souviendrai toujours de cet appel que m'avait lancé ma soeur. Je n'avais rien compris de tout ce qu'elle avait dit. Mais je savais, je savais ce que tout ça voulait dire. Sans dire un mot, j'avais raccroché et je suis rentré au pays la journée même. (six.) J'ai rêvé avoir des enfants, mais pour être honnête, il est rendu trop tard pour moi. Passé la quarantaine, je ne l'espère plus. Il y a eu une fois où j'ai eu cette possibilité, mais cette femme s'est jeté sous un pont. (sept.) Voici quelque chose d'un peu spécial, je suis né de façon plutôt miraculée. Je suis né aveugle, oui plutôt étrange. Mon père - haut placé - bourré d'argent a mis tout ce qu'il pouvait pour que je puisse voir à nouveau. À quatre ans, j'ai vu pour la première fois, toutes ces images, toutes ces couleurs. (huit.) En pays étrangers, j'ai fait énormément de missions, mais l'une d'entre elles a marqué ma vie. Il y avait ce gosse. Il avait dix-sept ans. Je l'ai su, car il me l'a voué. Il avait falsifié son dossier et a menti. Je me souviens c'était sa première mission sur le terrain. C'était deux ans plus tard, il m'appelait papa. Je l'avouerai qu'il était un peu comme un fils pour moi. Nous avions été pris en embuscade, nous avions tous les deux été séparés du groupe. Nous avons passé des semaines seuls tous les deux. Il était apeuré, il avait mal, il n'arrivait à rien. Nous avions à nouveau été séparés, je ne l'ai plus jamais revu, il a disparu. J'ai sa mort sur la conscience. Je ne dis pas qu'il est mort, mais personne ne sait ce qui lui est arrivé. (neuf.) Il m'arrive une fois par mois de rester assis seul dans le canapé du sous-sol de chez mes parents en silence à fixer le mur, ou les yeux fermer pour faire le noir complet. Je peux rester dans cet état pendant des heures, sans bouger une seule minute. (dix.) Ma mère avait trente-huit ans lorsqu'elle m'a mis au monde, oui ce n'est pas jeune, mais elle avait de l'amour à donner, elle en avait à revendre. J'avais plusieurs amis qui prenaient ma mère pour la leur et ils étaient pour moi comme des frères. Son mari, mon père, lui au contraire avant vingt-huit ans à ma naissance, mais il était éperdument amoureux d'elle et pour moi c'était l'important... Ma mère est décédée il y a dix ans et je n'ai passé qu'un mois à Ottawa avec ma soeur et mon père.