Anataël ~ Unhealthy influence of the voracious flames

Le sang rugit à tes oreilles et ton cœur bat au même rythme que les tambours qui rythme la vie en enfer. Haletant tu t’es redressé sur ton séant. Tes sens sont plus qu’éveillés. Ton thorax se soulevant de manière erratique. Tes muscles tremblent mais est-ce de peur ou de rage ? Tu l’ignores. Tu es fébrile. Ce gout en bouche et dans ton nez persiste. Celui du sang, auquel tu es devenu si sensible, si bien que certains de tes collègues t’ont déjà demandé pour rire si tu ne tenais pas du loup, ce redoutable chasseur. Ta lampe chasse alors les ténèbres te rappelant que tu n’es pas un animal. Un cauchemar, réminiscence de ce drame. Cependant ce n’est pas la cause de ton trouble, la source directe est le fait que ces limbes dont tu te t’extirpe avec difficultés ont pour source une réalité par toujours gaie. Pensif, ta main frotte doucement tes cotes à droite, une douleur fantôme te revenant en mémoire alors que son rire résonne à tes oreilles. Doucement tu te mets à fredonner cette chanson qui enfant te rassurait. Tu ne veux pas la laisser gagner et contrôler ta vie de nouveau. Tu es seul maitre de tes choix, comme le prouve ce tatouage qui se trouve sur tes poignets scandant : Ni dieu, ni maitre. Tu décides de t’extirper de cette prison de tissus, alors que le voile de la nuit s’étend encore sur cette ville qui ne t’as guère vu naitre, ou si, une seconde fois. Un nouvel homme. Un autre pseudonyme qui te fut accordé.

Tes pas se font souples et l’eau qui vient te réveiller semble être bénite et chasser les dernières traces de sommeil. Ton visage se redresse et tu te contemple dans ce miroir. Il est loin cet adolescent capitaine de Lacrosse, aux notes moyennes, qui pensait davantage à s’amuser qu’aux études. Bien loin ce jeune naïf en dernière année qui s’est fait prendre dans les serres de cette harpie. Une dragonne attirée par l’or qui avait profité de ton innocence et naïveté. Qui se prétendait douce et aimante, qui de manière ingénue avait usé de ses charmes, des plaisirs de la chair pour faire de toi un corrompu. La bile te monte à la bouche et tes doigts se resserrent autour du lavabo. L’horreur encore imprimée dans tes pupilles. Tu revois leurs corps sans vie de retour d’un entrainement. Ho ce ne fut pas de sa main qu’ils furent tués, mais se fut son esprit qui avait imaginé cette horreur, sa perfidie qui avait mené à la perte de ta famille et de par ta naïveté qu’ils avaient trépassé. Tu inspires plusieurs fois profondément, comme ton thérapeute te l’a de nombreuses conseillé. Par la honte tu as changé d’identité, par le remord. Mais jamais au grand jamais tu ne renieras tes origines. Là encore l’encre a marqué ta peau pour le prouver, entre tes omoplates ce triskèle pour que jamais tu ne puisses oublier, comme si tu le pouvais de toute manière.

Un rire rauque d’avoir hurlé à ton réveil se fait entendre avant qu’il ne s’éteigne brusquement. Douce ironie car si à présent tu es dans la police, tu es profileur et rentre dans la tête de ceux qui n’ont guère de moralité c’est pour une raison. La veuve noire qui t’a tout pris fut inconsciemment ta première affaire. C’est ainsi que tu l’as surnommé et dont les journalistes se sont appropriés les termes. Tu ne veux que plus jamais que qui que ce soit revive ce calvaire, tu veux minimiser les pertes et faire poids dans la balance. Un soupir et tu te reprend. Ton esprit divague de nouveau vers cette fois une entité masculine. Orion. Ta respiration s’apaise, mais le doute revient. Mais tu préfères cela à l’angoisse. Ton partenaire de travail ? Ho si se fut il s’agissait d’une chose aussi simple. Cependant tu te remémores cette soirée. Son odeur enivrante, la douce ritournelle de ses gémissements, son gout exaltant. Oui il y avait eu l’alcool, mais tu es d’avis que cela ne change pas un homme et dévoile tout simplement ses tréfonds. Rien ne fut simple dès le début. Puis vous aviez appris à compter l’un sur l’autre. Néanmoins cet équilibre semblait aujourd’hui tellement précaire. Tu connaissais presque les séants de la journée à venir. Ho bien sur ton travail n’avait de cesse de t’exalter, te surprendre. Seulement lorsque comme depuis un mois tu tenterais d’évoquer le sujet, il se rétracterait. Et toi tu rentreras de nouveau seul, pour te glisser dans des draps froids, retraçant dans ton esprit cette carte sur lesquelles étaient représentées les constellations que ses grains de beauté pouvaient former sur son corps, rêvant d’un jour tous les relier de nouveau et d’en être peut-être qui savait le dernier des explorateurs.

Tu t’éloignes de ce miroir qui semble dévoiler ton âme pour te sustenter un peu avant d’enfiler tes baskets. Tu aimes sentir des pieds battre un régulier sur l’asphalte de cette ville, voir le dieu râ reprendre la main sur le ciel et battre ainsi de nouveau Apophis jusqu’au prochain combat. Ce spectacle semble t’apaiser et chasser docteur Jekyll hors de ton esprit. C’est donc d’un pas léger, le souffle troublé que tu pousses la porte du bureau et semble entendre la voix de ta mère qui te murmure affectueusement : La vie est un cadeau en croisant le regard de miel du ton coéquipier. Aujourd’hui était une nouvelle journée et tu étais de nouveau prêt à l’affronter.